Blog

Abdelwahed El Fassi Fihri tel que je l’ai connu...

Le 08/08/2022

Abdelwahed El Fassi Fihri tel que je l’ai connu...

  • Hommage & Témoignage
  • Publié le lundi 16 octobre 2006.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan


Mmrian

1976 ; Un professeur vient de faire son entrée dans une classe de l’Ecole des Sciences de l’Information (ESI) ou je poursuis mes études universitaires. Il s’agissait, c’est vrai, d’une matière accessoire parmi d’autres (la géographie), mais l’assistance fut tout de suite séduite par l’amour que porte l’enseignant à sa discipline, en l’occurrence Abdelwahed El Fassi Fihri, et la manière alléchante avec la quelle il explique les phénomènes géologiques, sa grande spécialité, aux jeunes étudiants. En outre l’homme est courtois, affable et déborde de gentillesse. Mais je ne pourrais imaginer, à l’époque, que derrière cet aimable personnage se cache un échéphile passionné et grand amateur du noble jeu dans tous ses états. Notre connaissance fut donc limitée aux relations habituelles étudiant/enseignant.

En octobre 1982 je rejoigne la même institution à Rabat pour y compléter mes études supérieures. A la même année, en décembre à Casablanca, je remportai mon premier titre de Champion du Maroc… Il y eut une Assemblée Générale de la FRME, présidée alors par Feu Mustapha Bakkali. Quelle fut ma surprise de remarquer la présence parmi l’assistance de Monsieur Abdelwahed Fassi, à côté de son cousin président du Club Atlas de Mohammedia. Ce fut immédiatement les accolades d’usage et l’amorce d’une nouvelle et réelle amitié, fruit de ces retrouvailles « échiquéennes » inespérées !

Il m’a aussitôt invité à sa villa sise « 55, Avenue Alaouiyine » pour approfondir notre connaissance et échanger notre bagage échiquéen ! Je ne voudrais pas m’attarder ici sur son sens de l’hospitalité et sa générosité naturelle, car sa maison était largement ouverte aux nombreux joueurs et dirigeants des clubs d’échecs marocains ; Ils étaient toujours reçus avec attention et délicatesse, quelles que soient les motifs de leurs visites. Je fus tout d’abord impressionné par sa bibliothèque échiquéenne qui recèle des ouvrages de grande qualité, la plupart en langue française, comme « Mon système » de Nimzovitsh ou bien « les Prix de beauté aux échecs » de F. Le lyonnais, mais aussi en d’autres langues. Sa culture en matière d’échecs me sembla sans limites tant qu’il était capable d’étaler, de mémoire, des centaines de variantes d’ouverture, et d’évoquer en détail la vie et les œuvres d’anciens champions. Sa connaissance de la vie échiquéenne marocaine fut limitée à l’époque, fautes de contact avec la FRME et les lacunes habituelles dans la communication fédérale. Mais il connaissait d’ouie, tous les grands joueurs nationaux, tels que Bakkali, Bennis, Kaderi, Nejjar, Chorfi, Abbou Marrakchi, Sbia et autres Ait Hmidou…sa Culture Générale, consolidée par une mémoire d’éléphant, forçait l’admiration. Des événements, des lieux, des dates, des citations sont souvent évoqués avec précision sans faille et détails.

Je résidais alors dans un petit hôtel au centre ville « Splendide » ; Il venait régulièrement me chercher et m’inviter chez soi afin de disputer quelques parties amicales et discuter essentiellement des échecs. Mais on parlait aussi de sujets divers, tant qu’il y’avait souvent d’autres invités parmi sa grande famille et ses amis. J’appris que Feu Abdelwahed fut initié au noble jeu par son père, l’éminent savant, investigateur, authentique nationaliste et Homme d’Etat, Si Mohamed Fassi.. « L’Historiographe du Royaume », Abdelwahab Benmansour, nous informe dans son ouvrage biographique« Hassan II : Vie et Œuvres » que c’est Med Fassi lui-même qui a enseigné le jeu d’échecs au monarque défunt. Discipline indispensable pour toute éducation royale.

Feu Abdelwahed était ravi de faire la connaissance de nombreux échéphiles, dont certains sur ma propre initiative, comme Abdlhafid Elamri, Noureddine Majdoubi, Abbou Marrakchi, que j’avais souvent l’occasion de rencontrer au sein du célèbre « Cavalier Blanc » de Rabat. D’autres joueurs vont bientôt approcher cet amateur passionné, toujours disponible à jouer d’interminables parties, jusqu’à l’aube s’il le fallait !

Vu son amour pour le noble jeu, sa situation sociale et ses relations au plus haut niveau, certains le sondaient déjà, pour assumer la présidence de la FRME. En homme humble et modeste, il estimait qu’il ne peut prétendre à une telle fonction et prendre la place de Feu Bakkali qu’il respecte beaucoup. Mon point de vue fut qu’il devrait d’abord investir ses relations pour doter la capitale d’un fort club d’échecs, et s’habituer aux rouages fédéraux et aux problèmes concrets de la scène échiquéenne nationale. Cela ne l’a pas empêché de proposer ses louables services pour aider la Fédération à résoudre certaines difficultés ; Son apport fut décisif lorsqu’il s’agissait alors de mettre la pression pour faire reconnaître les échecs en tant que discipline sportive à part entière. Je me souviens de notre entrevue avec l’ancien Ministre de la Jeunesse et Sports Abdellatif Semlali, un jour d’automne 1984, où il défendit bec et ongles la cause du noble jeu, et déploya des trésors d’arguments pour dissuader le Ministre réticent. Processus qui va trouver une fin positive lorsqu’il accéda en 1988 à la présidence de la Fédération.

Les circonstances ont peut être guidé Feu Abdelwahed, sans l’avoir vraiment cherché, vers la présidence de la FRME. Ainsi suite à l’élection de Monsieur Mohamed Haloui à la tête de la Fédération, en décembre 1986, face à Feu Bakkali, la scène échiquéenne allait rapidement vivre une période de fortes turbulences - pour des raisons que je ne voudrais point évoquer ici – menaçant de dilapider les acquis de l’ancienne équipe fédérale et de scinder en deux la famille échiquéenne marocaine, toujours fragile. La majorité des clubs ayant exigé la tenue d’une assemblée extraordinaire pour trancher sur la crise actuelle, Feu Abdelwahed, fut tout naturellement approché pour prendre en main la destinée de la FRME, étant la seule personnalité échéphile pouvant calmer les esprits, rassembler les bonnes volontés, et espérer un avenir meilleur. Le 3 avril 1988 allait donc marquer le début d’une nouvelle expérience de gestion directe des affaires fédérales, pour cet homme plein de bonté et de gentillesse, à tel point que d’aucuns diraient à l’époque qu’il est « trop bon » pour affronter les problèmes, les complications et les antagonismes du champs échiquéen marocain.

Cette expérience ne dura malheureusement que deux ans ; Une période trop courte, à mon avis, pour formuler un jugement juste et objectif. D’autant plus que le Président et sa nouvelle équipe (dont l’ossature fut constituée de Messieurs Abdelhafid Elamri, Abdelmajid Rian, Noureddine Majdoubi, Othman Alami et Rghioui) devait d’abord remettre de l’ordre dans l’Administration fédérale suite à la crise susmentionnée ; et affronter ensuite un grave différend survenu dès novembre 1988 avec Monsieur Elamri, dans des circonstances fâcheuses dont l’évocation déborderait le cadre de ces propos ...Neanmoins, ce trop court mandat constituait une réussite à plusieurs égards. Feu Abdelwahed prit son bâton de pèlerin pour faire le tour du pays, encourageant la création de nombreux clubs un peu partout ; Il organisait deux championnats nationaux individuels, le 18° et le 19° (en 1988 & 1989 à Rabat et Casablanca) dans des conditions acceptables malgré la carences des moyens financiers ; Le point d’orgue de cette année fut la célébration, à Fes, du "Jubilé d’Argent" de le FRME au sein du même hôtel (Zallagh) oْ elle fut fondée le 2 novembre 1963 ; La Direction de la Poste oblitéra à cette occasion un timbre poste commémorant ce 25ème anniversaire, une première en son genre ! La phase finale du Championnat par Equipes qui eut lieu à Rabat en mars 1990, et remporté par Régie Tabacs fut une belle réussite ; Sur le plan technique, le Séminaire de Formation d’Arbitres organisé à El Jadida en mai 1990, a connu un grand succès avec la participation de 38 candidats, dont certains obtiennent leur titres d’arbitres nationaux. Sous son impulsion, Casablanca, allait vivre un grand événement international, le Tournoi de Son Altesse Royale le Prince Héritier en octobre 1988, organisé par l’Association des Navigants Techniques de la RAM.

Aussitôt après ce mémorable tournoi, l’Equipe Nationale va prendre part aux 28° Olympiade de Thessalonique en Grèce grâce aux efforts déployés par le Président et l’apport de la RAM. Feu Abdelwahed et Madame Kamar El Abdelaoui, qui a toujours épaulé son mari dans sa mission ont fait le déplacement, réconfortant matériellement et moralement l’EN, conduite par le nouveau Champion du Maroc Hicham Hamdouchi (16 ans !). Tout au long de ce voyage nos joueurs ont apprécié les qualités humaines et le sens de l’écoute de Si Abdelawahed et son épouse. A Salonique ce fut également l’occasion pour le Président de la FRME de multiplier ses contacts, qui vont aboutir à la création de l’Union Maghrébine des Echecs, et l’organisation, ensuite à Oujda en mai 1990 du Premier Championnat Maghrébin par Equipes Nationales.

Fatigué par deux années d’intenses activités, et diminué physiquement par ses problèmes redondants de santé, Feu Abdelwahed décida, à la surprise générale de ne pas briguer un deuxième mandat (fixé alors à deux ans) à la tête de la Fédération ; Il remit le relais à son Vice- Président Feu Kamal Skalli, au terme de l’Assemblée Générale ordinaire tenue en septembre 1990. La FRME allait ainsi rebrousser chemin à Casablanca, mais l’expérience personnelle de feu Kamal sera de courte durée dans des circonstances différentes et bien pénibles.

Feu Abdlwahed n’abandonnait guère son hobby préféré, ni son engagement pour promouvoir les échecs marocains. Immédiatement après son départ, nous fûmes surpris et ravis de le retrouver, parmi l’Equipe Nationale qui a fait le déplacement à Novi Sad pour disputer la 29° Olympiade en ex Yougoslavie (1990), et réconforter par sa présence « bénévole » l’ensemble des joueurs. C’est cette disponibilité permanente qui était le trait le plus touchant chez cet humble personnage, qui tenait toujours à répondre favorablement et gentiment aux invitations des clubs à travers le Royaume, à l’occasion d’activités échiquéennes ou autres. Ainsi nous avons eu beaucoup d’occasions de le recevoir à Chefchaouen oْ il se sentait bien. Il fut, notamment, notre invité d’honneur lorsque l’Association Alouane Fannia prit l’initiative d’organiser la première Rencontre Maghrébine par Equipes en juillet 1991.

Après son éloignement de la gestion échiquéenne pour des raisons personnelles, nos occasions de rencontres directes sont devenus plutôt rares. Mais on se téléphonait de temps en temps, notamment à l’occasion des fêtes religieuses. En 2001, emporté par son amour éternel du noble jeu et sa volonté d’assainir et servir la FRME, il se porta candidat à sa présidence . La majorité des clubs lui a préféré un certain Monsieur Mustapha Amazzal, nouvelle figure pleine de promesses. Il réitéra sa tentative, quatre ans après, face au même Amazzal sans succès, signe des temps... Dans les deux cas, je ne fus pas associé à son projet et n’étais point au courant de ses motivations ni de ses véritables chances de réussite.

Feu Abdelwahed El Fassi Fihri aura gardé un goût amer de cette ingratitude ; notamment lorsqu’elle émane de certaines personnes qui lui ont assuré leur fidélité et garanti leur appui. Il préféra donc tirer les rideaux sur la scène désolante des échecs marocains actuels, et se contenter de jouer pour les plaisir d’interminables parties nocturnes, avec un cercle restreint d’amis échéphiles…Que Dieu l’ait en sa Sainte Miséricorde.

 

 

 

 

Abdelwahid Fassi Fihri tel que je l’ai connu...

17 octobre 2006 , par Boujemâ Kariouch

Merci cher Moubarak pour ce témoignate et hommage de Feu Abdelouhed Fassi Fihri. Je me joint également à toi pour donner un hommage personnel et celui de Khémisset au Défunt. Abdelhouahed Fassi Fihri n’est plus. Mais il gardera sa place dans notre mémoire. L’homme était vraiment spécial quoi qu’il fut une grande personnalité nationale, un membre d’une grande famille également très spéciale en celà qu’elle se mélange avec l’histoire de notre pays.

Par quatre fois Feu Abdelouahed à répondu aux appels du club IZ Khémisset et par quatre fois il nous a honorer de sa présence lors de manifestation locale. Il nous rendait grand auprès des autorités et responsables locaux qui ne retenait que le prestige de son nom et de sa fonction au Cabinet Royal.

La modestie dans un homme d’une telle envergure, c’est ce qui m’a le plus touché en lui. On ne peut nier son apport en faveur des échecs marocains. Il a posé certains jalons sur lesquels notre discipline pouvait prétendre se lever. Il à montrer l’exemple et puis s’est retiré par la grande porte.Si seulement il était resté à son poste, sans doute notre sport aurait connu un meilleur sort que celui d’aujourd’hui. Dans cet homme qui fut toujours soutenu par une femme, elle aussi très spécial et qui assistait aux compétitions nationales, il y avait du sérieux, de l’humour à en revendre et une approche qui dégelait les plus timides qui n’osait lui parler. Malgré la pression de ses amis il ne voulait pas assurer la présidence de la Ligue du Gharb qui aurait pu lui servir de tremplin vers la présidence de la FRME contre Amazal. Son absence de la scène échiquéenne nationale, malgrè quelques apparitions ici et là à l’occasion de championnat,ne l’avait pas avantagé.

A chaque rencontre avec lui, il écumais contre Amazal, il nous étalait les disfonctionnements qui émaillaient la FRME, en faisant comparaison avec la période de sa présidence 1988/1990.

Sa maison était ouverte tout le temps lors de sa présidence. Qui n’a pas déjeuner ou dîner cher lui à sa villa avenue Alaouiyne à Rabat. Qui un jour n’a pas été herbergé la nuit et qui n’est pas passé par la scéance de"Blitz" sous son humour.

Lors de l’organisation des championnats ou tournois nationaux il était partout avec tout le monde, discutait, palabrais, suggèrait et se faisait plaisir d’être présent au milieu des échecs marocains.

Son désire de reprendre du travail à la tête de la Fédération n’avait d’égale que sa volonté de poser, cette fois, une base solide au profit de notre sport.Il avait eu de nouvelles idées en ce qui concerne l’organisation générale de la Fédération.

L’amertume il l’a toujours connu au sein de notre discipline car c’est une caractéristique des échecs marocains à l’instar des autres sports nationaux. Et c’est un peu à cause de celà qu’il a quitté la présidence en 1990 au profit de Feu Kamal Skalli. Il savait que les échecs marocains allaient se casser la gueule. Il avait raison.

Les échecs à Khémisset n’aurait pas été ce qu’il sont aujourd’hui. C’est grâce à lui que le club Faras puis l’Ittihad Zemmouri de Khémisset, section Echecs ont pu évoluer sérieusement.

Son départ final est regretable pour notre sport. Mais il était inévitable. Car chacun de nous attend son départ vers un autre monde.

A bientôt Abdelouahed Fassi Fihri garde nous quelques une de tes bonnes idées et remarques.

Boujemâ Kariouch

 

Fatima Achkar

Le 07/08/2022

Fatima Achkar. Maître National Feminin depuis 1989.

 

  • Championne du Maroc des Echecs en 1989.

Abou Marrakchi, Bref témoignage

Le 07/08/2022

Abou Marrakchi, Bref témoignage

  • Publié le dimanche 9 octobre 2005.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan


Mmrian

Bonjour à tous, et Ramadan Karim,

Je voudrais, tout d’abord, resaluer l’excellente idée de l’équipe Maroc-Echecs, de consacrer régulièrement ses tournois hebdomadaires pour approcher nos anciens champions et grands joueurs disparus, souvent dans l’indifférence.C’est une belle occasion pour faire connaître leurs itinéraires et leurs œuvres. Le premier tournoi du mois sacré de Ramadan fut donc dédié à la mémoire de Feu Mohamed Abou « Marrakchi » décédé il y’a trois ans, à l’age de soixante ans à peine.

J’ai fait ma première connaissance avec Feu Abou, aux tous débuts de ma carrière universitaire à Rabat, en automne 1975, ou je fréquentais en compagnie de mon ami et coéquipier Youness Haddad, le club Cavalier Blanc qui partageait alors son siège avec l’Union des Ecrivains du Maroc, sise Rue Soussa. Je le trouvais régulièrement en face de Feu Al Azrak, un joueur chevronné disputant d’interminables parties du Blitz, pimentés par gestes palabres et anecdotes ! Abou fut et restait toujours un redoutable blitzeur ; ce n’est guère par hasard qu’il remporta le premier titre de Champion du Maroc » officiel » de cette cadence, au cours du tournoi organisé par la FRME à Maamoura en décembre de la même année. Feu Abou était fier de ce titre symbolique et aimait le faire rappeler à ses détracteurs lorsqu’il lui arrive de perdre quelques parties !

Je devrais approfondir mon amitié avec Abou au cours du 10° Championnat National Individuel qui s’est déroulé à Tétouan, en août 1976, et remporté par khalid Chorfi. Il était déjà un vieux routier de cette compétition, puisqu’il fut parmi l’élite marocaine à disputer le premier championnat en juillet 1965 à Tétouan, à coté des meilleurs joueurs d’antan : Bakali, Bennis, Benabud Kadéri, Hadri et autres. Notre Feu Champion était un joueur coriace sur l’échiquier, doté d’une patience et d’un sang froid à toutes épreuves, toujours à l’affût d’une contre attaque surtout lorsqu’il se trouvait en difficulté (comme en témoigne son surprenant et laborieux gain contre Abdellah ait Hmidou lors du 11° Championnat individuel disputé en mars 1978 et remporté par ce dernier « voir parties annexes »). Son répertoire fut bien soigné quoique limité ; Avec les blancs il jouait alternativement e4 ! et Cf3 ! choisissant parfois la partie anglaise. Avec les noirs il pratiquait souvent la défense Petroff contre e4, qu’il maîtrisait bien, et optait pour les défenses orthodoxes, notamment le gambit Dame refusé pour répliquer à d4. Mais sa véritable force consistait en sa technique en finale et l’exploitation des petits avantages accumulées en milieu de partie. Son Champion préféré, si je me rappelle bien, est Anatoly Karpov.

En dehors de l’échiquier c’est une personne affable, qui aime la vie, sympathique malgré les apparences et toujours de bonne humeur. Ce fut un noctambule qui profitait de ses participations assidues aux diverses compétitions nationales pour jouer inlassablement des parties de blitz, analyser les positions litigieuses et échanger des blagues !

S’il ne réussit pas à remporter le titre tant convoité de Champion du Maroc, Il fut néanmoins régulièrement aux places d’honneur et membre de l’équipe nationale à maintes reprises bien que les occasions de représenter notre pays à l’échelle internationale se faisaient plutôt rares à l’époque. En 1985 , si ma mémoire est fiable, le titre de Maître National des Echecs lui fut attribué par la FRME par, pour ces résultats réguliers dans le championnat individuel ( les critères d’alors exigeaient d’être une fois champion, deux fois vice champion ou bien trois fois troisième !)

Feu Abou, bien que natif et résident à Salé, fut parmi les fondateurs et piliers du Cavalier Blanc de Rabat. C’est dans le cadre des compétitions par équipes que nous avons tissé une amitié échiquéenne sincère, enrichie par la concurrence et la rivalité d’alors entre nos deux clubs respectifs. Le Cavalier Blanc, Champion du Maroc en 1977, fut aux coudes d’Alouan fannia , à trois reprises ! (1980, 1981 et 1982) Après la dissolution prématurée de ce prestigieux club de la capitale, il fonda le Club PTT, parrainé par cet important établissement public ou Feu Abou fut fonctionnaire et connu de tout le monde dans la boite comme Monsieur Echecs !

A partir des années 90, Mohamed Abou délaissait progressivement la compétition officielle pour se consacrer aux activités d’arbitrage (il était également arbitre national) d’organisation et d’encadrement des jeunes de Rabat. Que Dieu l’ait en sa miséricorde.


 

 

Laila Nassimi

Le 06/08/2022

Laila Nassimi. Maître National depuis 1987.

Nassimi

Triple championne du Maroc des Echecs (1987 , 1991 et 1993).

Il y’ a Quarante ans, Le Premier Championnat Individuel National à Tétouan

Le 06/08/2022

Mmrian

 

Il y’ a Quarante ans, Le Premier Championnat Individuel National à Tétouan

  • Article publié le dimanche 1er janvier 2006.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan

 

 Le Championnat National Individuel du Maroc qui se déroule actuellement à Tétouan en est à sa 35° édition. La ville de la Colombe Blanche, véritable pionnière des échecs dans notre pays, en aura accueilli sept. Mais c’est le 1° Championnat qui restera dans l’histoire en tant que première manifestation officielle de la FRME organisée à l’échelle du Maroc entier.

 La FRME créée en novembre 1963 à FES, demeurait immobile pendant une bonne période et c’est à l’Association Marocaine des Echecs de Tétouan, qui fêtera cette année 2006 son 50° anniversaire, que revient le mérite de prendre l’initiative de célébrer notre premier championnat individuel.

 Sous l’impulsion de Feu Mustapha Bakkali, dirigeant dynamique, talentueux joueur, habitué des tournois espagnols, et Monsieur Houssein Bahaoui, échéphile d’une grande compétence administrative et rigueur technique, l’Association Marocaine profita de la tenue de la Foire de Tétouan, en été 1965, pour proposer l’organisation d’un premier championnat du Maroc ; La jeune FRME dont le siège est alors à Fes donna son feu vert à Tétouan pour concrétiser ce rêve.

 Le comité d’organisation coiffé par feu Abdelkrim Bennouna président du Club l’Union, prit l’initiative d’écrire au Cabinet Royal pour solliciter son parrainage et autoriser de baptiser ce championnat au nom de son Altesse Royal le Prince Héritier Sidi Mohamed . Grâce à leurs contacts de haut niveau, l’autorisation royale fut rapidement obtenue, offrant une Coupe Officielle portant le nom du Prince . Cependant, personne ne pensait alors à prévoir des prix en espèces. C’est l’époque de l’amateurisme pur !

 Huit joueurs, parmi l’élite nationale, représentant 6 villes du Royaume, ont finalement pris par à ce tournoi, qui s’est déroulé du 24 juillet au 1° août 1965, dans les locaux du Club l’Union, lieu de prédilection des joueurs de Tétouan, en présence effective et régulière du Gouverneur de la Province, Monsieur Hossein Ayachi. Le Championnat fut organisé selon le système toutes rondes, avec 40 coup/ 2h et une heure pour achever la partie ; Le règlement de la FIDE fut de vigueur, appliqué strictement par l’arbitre principal, Monsieur Bahaoui. Le public fut nombreux et pouvait suivre à travers les échiquiers de démonstration ! les quatre parties quotidiennes

 C’est finalement Feu Bakkali qui sera Premier Champion officiel du Maroc avec 6 poins sur 7.

Le classement :

1.Mustapha BAKKALI (Tétouan) 6 sur 7.( Coupe de SAR)

2. HADRI (Tanger) 5. (Coupe du Gouverneur)

3 Mohamed BELARBI (Casablanca) 4,5

4 Ahmed BENNIS (Fes) 3,5

5. Idriss BENABUD (Tétouan) 3

6. Mokhtar KADERI (Fes) 2,5

7. Hossein BENNIS (Rabat) 2,5

8. Abou MARRAKCHI (Salé) 1

  Parallèlement à ce championnat, une compétition inter villes fut organisée 31 juillet et 1° août avec la participation de 8 clubs ( Sebta, Larache, Fes, tétouan, kénitra,Casablanca, Ksar El Kebir, et Salé). C’est l’équipe de Sebta qui obtint la première place et remporta la Coupe de la Direction de la Jeunesse et Sport , suivie de Larache (Coupe de la Foire de Tétouan), et Fes (Coupe de l’Association Marocaine de Tétouan)

 Le premier Champion National Feu Bakkali, devait remporter le deuxième championnat individuel organisé l’année suivante à Tétouan, et gagner son troisième titre à Rabat en 1973. Il fut un échéphile dévoué, à l’affût de nouvelles idées ; C’est lui qui mettait la Fédération sur les rails, appuyé toujours par un homme discret, de valeur Monsieur Mohamed Houssein Bahaoui qui mérite toutes les louanges. C’est grâce à lui que j’ai pu recueillir les informations qui constituent la matière première de mon modeste article.

 Quarante après, la comparaison entre le premier championnat et cette 35° édition est fort éloquente. Je laisse le soin au président en exercice de la FRME et les organisateurs de cette compétition nationale suprême de tirer leurs propres conclusions...

Jamila Chouaibi

Le 05/08/2022

Jamila Chouaibi. Maître National féminin depuis 1985.

Championne du Maroc des Echecs  en 1985.

Moulay Ahmed Raisuni…In Memoriam

Le 05/08/2022

Moulay Ahmed Raisuni…In Memoriam

  • samedi 17 janvier 2015
  • par Mohamed Moubarak Ryan

Mmrian

Ce dimanche 21 décembre 2014, Moulay Ahmed Raisuni n’aura pas respecté son rendez-vous hebdomadaire avec les jeunes en herbe encadrés par l’Association Marocaine de Tétouan au sein du Club l’Union, haut lieu du jeu d’échecs au Nord du Maroc depuis des générations. Mohamed Chakroun et ses amis, l’aura attendu anxieusement toute la matinée ; Moulay Ahmed s’est éteint, sereinement chez lui, à l’âge de 90 ans, ayant rendez – vous avec Dieu, le tout puissant, qu’il l’ait en sa sainte miséricorde.

Si peu de joueurs d’échecs marocains, de présidents de clubs ou même de cadres fédéraux actuels connaissent Moulay Ahmed Raisuni, c’est que cette figure échéphile traditionnelle n’a jamais pris part à un championnat national individuel par exemple, ni disputé les tournois les plus importants qui se sont déroulés, tant bien que mal, à travers le pays, ni prétendu à un poste quelconque de dirigeant. Certes, il fut présent, à une ou deux éditions des« torneos interciudades de larache  » qui ont marqué l’histoire échiquienne du Maroc au cours des années soixante, ou bien accompagné l’équipe de la Haiâ de Tétouan lors des ces rencontres inter villes qui étaient le prélude du système actuel du championnat national par équipes, dont la première édition date de 1972 ; Moulay Ahmed, était plutôt un homme discret, abordant les échecs dans leurs facettes ludique, artistique et pédagogique.

S’il aimait parfois afficher, fièrement ou en plaisantant, sa « carte fédérale n° 1", c’est qu’il fut le premier joueur marocain inscrit sur la nouvelle liste des joueurs établie par la FRME, en 1975 suite au transfert de son siège à Tétouan, sous l’égide de Feu Mustapha Bakkali. A l’époque il était fort connu pour sa passion échiquéenne, mais surtout par sa contribution à l’initiation au noble jeu et l’encadrement de nombreux élèves au sein de l’établissement d’enseignement Jaber Ibn Hayan, au cours des années 70. C’était une réelle opportunité pour les jeunes curieux de goûter aux délices du Roi des Jeux alors que le matériel, les livres et surtout les lieux où l’on peut pratiquer étaient plutôt rares. Il était un véritable précurseur dans ce domaine, en s’intéressant à une activité pédagogique qui fait, encore, cruellement défaut.

Je me souviens bien, durant l’année 1973, alors que je suivais mon parcours scolaire au Nouveau Lycée Technique (Imam Ghazali actuellement) à Tétouan, tout en en m’intéressant au jeu d’échecs de mes copains du Lycée jaber, me parlant d’un certain Moulay Ahmed Raisuni, qui consacrait des séances régulières d’initiation et d’apprentissage du noble jeu au sein de l’internat. Il leur faisait découvrir de belles combinaisons et des problèmes artistiques, avec en prime des gâteux et divers cadeaux pour les meilleurs solutionnistes. L’année suivant, je regagnais à mon tour le même lycée ; Si je ne me suis pas inscrit aux cours de Moulay Ahmed, je prenais part à son tournoi annuel dont le premier (1974) fut remporté par mon ami Med Chakroun) et le deuxième (1975) que j’avais gagné avec une petite coupe et un gros lot de livres. Je gardais une bonne impression de l’organisation technique de ce petit tournoi et son ambiance sympathique avec la fierté d’avoir « devenu « le Champion du lycée ! C’est ce genre d’initiative qui aura ouvert la voie à d’autres activités plus étoffées, dont -bien évidemment - la formidable série des championnats inter établissements scolaires de Tétouan, entamée dès 1978 sous l’impulsion et la direction technique de feu Mohamed Houssein Bahaoui. • Vers la fin de 1978, je commençais ma carrière professionnelle à la BGA de Tétouan, et je devenais un membre assidu du Club l’Union, siège de la FRME. J’y étais, plus au moins, un joueur connu sur le plan national. J’ai eu l’opportunité d’y côtoyer à l’époque tant d’échéphiles passionnés, qui trouvent du plaisir à jouer des heures entiers, échangeant des amabilités, des satires ou de coups de gueule. Moulay Ahmed Raisuni était parmi ceux qui attirent le plus d’attention, par son habit traditionnel inchangé, par son humeur agréable distillé durant ses parties. « Pieza Tocada Pieza Jugada  » (pièce touchée, pièce jouée) était son slogan et son principe inaliénable ! quelle que soit la nature de la confrontation. Il faut reconnaître que Cette « intransigeance » fut très bénéfique pour les débutants qui devraient apprendre que les échecs est un jeu mental et non une pratique manuelle !

Certaines séquences restent imprimées dans la mémoire de chacun…durant les années 80, un certain universitaire américaine de l’Ohio, retraité, connu sous le nom de Walter Meiden (1907-1993), Co-auteur avec Max Euwe de deux livres à succès » Mâitre contre Amateur  » & « L’amateur devient Maître  » traduits en français. Cet échéphile érudit, ami personnel de Euwe et Boris Spassky entre autres, passait régulièrement ses vacances estivales à Tétouan ; Sa présence quotidienne au Club l’Union et ses parties « exclusives » et passionnées avec Moulay Ahmed étaient devenues des rituelles et souvent des spectacles agréables à voir ! Lorsque ce dernier avait l’opportunité de remporter deux parties successives, par exemple, il lui signala allégrement : « America Zéro, Marruecos Dos  » ! provoquant le gêne et parfois les rire de Meiden.

Pour des raisons personnelles, Moulay Ahmed Raisuni, a dû suspendre son abonnement au Club l’Union, et délaisser sa passion. Il se signalait néanmoins par sa présence à pratiquement toutes les compétitions échiquéennes qui se déroulent à Tétouan et sa région, notamment lorsqu’il s’agit des championnats et tournois scolaires. A chaque fois, il retrouve le plaisir de jouer avec la nouvelle génération, leur prodiguant ses conseils, leur montrant des pièges d’ouverture, de petits problèmes, sans se départir de sa devise universelle « Pieza Tocada, Pieza Jugada  » !

 

Radi Al Ouadoudi

Le 05/08/2022

Radi Al Ouadoudi. Joueur Casablançais. Très actifi fin années 80 ,début années 90. Auteur de deux nulles spectaculaires face à Hicham Hamdouchi.

Radi ouadoudi

  • Il a participé à plusieurs championnats du Maroc.