La mémoire trouée
Maroc Echecs , le 31 aout 2013
- Décidemment la scène échiquéenne nationale ressemble à une pièce de théâtre tragi-comique mais de mauvais goût, dont les pièces d’échecs changent de cases, de formes et de rôles dans un enchainement absurde. Le commun des spectateurs ne comprendra absolument rien de l’histoire, du scénario, de l’interprétation et, a fortiori, des répliques échangées entre les comédiens, dont certains se produisent pour la première fois en public !
- Pour ne pas sombrer moi-même dans la métaphore, je m’explique. Depuis le 23 mars 2013, le metteur en scène échiquéenne, à savoir Monsieur Amazzal, qui venait de purger une sanction de trois ans infligée par le Comité d’Ethique de la FIDE (Fédération International Des Echecs) pour falsification à grande échelle des normes d’arbitres internationaux, a repris les rennes de la FRME (Fédération Royales Marocaine des Echecs). Bénéficiant d’une complicité flagrante de certains apparatchiks du Ministère de la Jeunesse et du Sport (dont il est lui-même fonctionnaire), d’un noyau dur de clubs (anciens et nouveaux toujours à sa solde) et tirant profit de l’essoufflement et des erreurs à répétition de ses innombrables opposants qui, de guerre lasse, lui ont laissé le champs libre pour inscrire un « retour triomphal » aux affaires d’une instance nationale qui l’a lui-même ruinée, l’espace de quelques années.
- Si certains échéphiles, intransigeants sur les principes et/ou refusent catégoriquement la résurrection d’une personne que d’aucuns ont pensé qu’il avait définitivement quitté les lieux, suite à sa démission forcée en fin 2007, d’autres ont gardé un profil bas, préférant attendre la suite des événements ou faisant semblant de respecter « la règle démocratique » qui a ramené le président déchu au pouvoir avec l’aval du Ministère de Tutelle. Si l’attitude de ses derniers est parfaitement compréhensible, car en attendant des jours meilleurs, ils pensent que l’on pourra maintenir une opposition « vigilante » au sein même de la FRME, tout en continuant à participer aux compétitions nationales qu’elle projette d’organiser au hasard du calendrier, voire espérer prendre part à certaines rencontres internationales qui seraient possibles avec le déblocage des subventions du Ministère de tutelle...
- Toutes ces considérations ne sont pas, selon mon humble opinion, condamnables en soi. Dans tout régime dictatorial, seule une minorité infime serait prête à aller jusqu’au bout de sa conviction. L’Histoire contemporaine en est pleine d’exemples et de renseignements.
- Mais là ou le bât blesse est de voir une multitude d’acteurs dont certains sont respectables, sensés et censés avoir du recul historique, animer des réunions et prendre la plume ou le clavier, en essayant de défendre, bec et ongles, une personne qui a provoqué d’immenses dégâts sur le paysage échiquéen national, enfoncé la Fédération Royale Marocaine des Echecs dans le fonds de l’abîme,en salissant, de surcroît, l’image du pays tout entier dans ce scandale de falsification retentissant et sans précédent dans les annales de la FIDE. Vouloir refaire une virginité à quelqu’un avec un tel registre c’est un acte condamnable ; Appeler franchement à lui offrir une de deuxième chance, comme si les septs ans de dégradation qu’il avait passées à la tête de la fédération étaient une petite parenthèse , est une attitude irresponsable. C’est, en outre, une insultation à l’intelligeance de tout joueur d’échecs .Que l’on affiche nos désaccords avec la voie à suivre en refusant, par exemple, de prendre part à cette nouvelle instance alternative appelée l’UMCE est un droit absolument légitime, et conforme à la liberté inaliénable d’expression et de choix . Désavouer ses anciennes prises de position, dénier ses analyses percutantes des différents bilans amazaliens, ses remarques pertinentes sur sa gestion calamiteuse, est un signe inquiétant de la maladie d’Alzheimer sinon, pour le moins, une pure manifestation d’une mémoire trouée…et je ne voudrais nullement pousser mon interprétation un peu trop loin...