Chafik Idrissi
- Publié le dimanche 10 avril 2005.
- Par Abdelaziz Onkoud
J’ai connu Chafik vers la fin des années 80, nous étions de la même génération. Le jeu de chafik est imprégné par l’élégance, il a un penchant pour les parties stratégiques avec des manœuvres subtiles et la conquête continue de cases clés et de lignes importantes.
Sa tendance parfois à dominer un peu excessivement ses adversaires lui a joué cependant quelques mauvais tours. Dans nos rencontres de jeunesse, je lui ai échappé plusieurs fois alors que j'étais complètement dominé.
Je me rappelle d’une de ses parties qu il a disputé en Egypte en 1997, on jouait contre une équipe africaine, il était primordial qu’on remporte le match par 4 à 0, Chafik a dominé complètement son adversaire et allait nous offrir le premier point du match, tellement les variantes de gains étaient nombreuses, mais il a gâché monstrueusement sa position et a fini par perdre, je n’ai jamais vu chafik aussi triste que ce jour là ! Des petites larmes se pointaient dans ces yeux.
Mais quand Chafik domine, il est impitoyable, j’ai assisté à deux de ces victoires de tournois ou il n’ a même pas lâcher un seul demi point, il a tout balayé sur son passage.
La psychologie est un élément très important dans sa conception générale des échecs, il tient beaucoup à ce type de préparation, cela provient sans doute de son coté spirituel, en effet chafik est une personne d’esprit.
Abdelaziz Onkoud : quelles sont les circonstances de ton initiation au jeu d échecs et quelles sont les personnes qui t’ont communiqué la passion des échecs ?
Chafik Idrissi :
Comme c’est souvent le cas pour plusieurs d’entre nous, j’ai appris à jouer par hasard ; j’ai vu mes cousins jouer et j’avais suivi avec grand intérêt. Après, je leur avais demandé de m’initier, je devrais avoir 11 ans. Ma mère m’a ensuite acheté un échiquier en bois sur le quel j’ai commencé à jouer seul.
J’ai eu l’occasion de jouer au Collège Al Wafa grâce à la présence d’un instituteur Mr Benzakour épris du jeu d’échecs qui nous apprenait à jouer et qui organisait périodiquement le championnat du collège que j’ai d’ailleurs remporté 3 fois. Par le biais de ce même instituteur j’ai eu la connaissance du club casablancais du jeu d’échecs "Le cavalier d’or".
c’est vraiment là que j’ai commencé à apprendre sérieusement les principes de ce jeu extraordinaire vers l’âge de 14- 15 ans et peu à peu j’ai commencé à intégrer la compétition..
Abdelaziz Onkoud : quelle est ta première vraie compétition, tes meilleurs résultats et souvenirs ?
chafik Idrissi :
Ma première vraie compétition remonte à 1990 lors de la phase qualificative pour le championnat junior moins de 20 ans où j’ai réussi à me qualifier d’ailleurs. Parmi mes meilleurs souvenirs je cite ma 2 ème place au championnat junior de 1992.
J’ai gagné lors de mon parcours pas mal de tournois mais ceux qui me font vraiment plaisir et dont je m’en souviens très bien sont ceux que j’ai remporté avec 100% de points comme par exemple celui de L’OCP à casablanca.
Abdelaziz Onkoud : récemment tu as assuré une journée de formation à Settat, c était quoi le but de ton intervention ?
Chafik idrissi :
C’est la FRME qui m’a demandé d’assurer un cours sur les ouvertures aux futurs animateurs formateurs des échecs. Ceci faisait partie de son programme de formation continue pour ces futurs formateurs pour enfants et jeunes joueurs d échecs afin d’assurer la relève des échecs au Maroc.
Je crois que la FRME a pris conscience de l’importance de ce genre de formations et qu’elle voudrait intégrer à son programme des joueurs de compétitions et d’expérience pour soutenir son action de formation et je pense que c’est très bien et je souhaite que cette expérience réussisse car elle est porteuse d’une forte valeur ajoutée pour les échecs au maroc.
Abdelaziz Onkoud : quel est le bilan de cette expérience ?
Chafik Idrissi
Tout d’abord je tiens à souligner que cette expérience était très instructive pour moi : je me suis rappelé quelque chose de très important à savoir : On apprend aux autres de la même manière q’on avait appris soi même. Si le sujet a été approfondi lors de notre travail personnel, les messages qu’on donne aux autres sont d’autant plus clairs et instructifs.
J’ai tenu lors de ce cours à ce que la communication soit interactive et décontractée que possible ce qui s’est réellement passée à Settat. Et à en juger par la réaction des participants le résultat est très satisfaisant.
Il y’avait une Vingtaine de participants A la fin, les participants ont exprimé leur désir de renouveler ce genre de séance de manière plus intensive.
Ce qui est à mon avis très révélateur de l’impact de telles entreprises.
Abdelaziz Onkoud : que penses tu de l’avenir des échecs au Maroc ? Les nouveaux jeunes sont ils prometteurs ?
chafik Idrissi :
Je constate la présence de beaucoup de jeunes talents qui à mon avis avec de l’encadrement adéquat pourront assurer Inchallah la relève.