Crise Fédérale, Pourquoi Monsieur Amzal doit partir...
Maroc Echecs , 20 décembre 2005
Par Mohamed Moubarak Ryan
- L’enchaînement infernal des scandales au sein de la Fédération Royale Marocaine des Echecs (FRME) ne devra laisser aucun échéphile indifférent. Le dernier en date, révélé par l’équipe de Maroc Echecs, est fort accablant ; Pris en flagrant délit, Le président « en exercice » et son bureau fédéral actuel, ont fait de la falsification sans scrupule une arme « redoutable » pour impliquer tout le monde et distribuer les faveurs à tort et à travers. Sous prétexte de doter notre pays d’arbitres internationaux susceptibles de renforcer sa place au niveau mondial, ils ont utilisé des méthodes appartenant à un autre age, qui ne peuvent plus passer actuellement sous silence avec la prolifération de l’Internet et la transparence pratiquée par les organismes internationaux, qui permettent l’accès libre à leurs archives à qui veut les consulter !
• Cette affaire très grave pour l’image de notre pays, nuisible à notre Fédération, préjudiciable à la réputation de ce noble jeu dont la pratique est souvent associée à la vertu et l’éthique, exige la démission pure et simple de Monsieur Mustapha Amzal de son poste de président de la FRME. Il assume, personnellement, l’entière responsabilité dans ce scandale « arbitral ». En signant de sa propre main des dossiers falsifiés, en apposant le cachet de la FRME sur un courrier officiel adressé à la FIDE, il a failli à son devoir de président de fédération, et abusé de la confiance que les clubs marocains ont mis sur sa personne, en l’élisant à deux reprises à la tête de la Fédération pour se charger de la bonne gestion et le développement des échecs dans le Royaume.
• Et pourtant, ceux qui connaissaient à fond Monsieur Amzal, et étaient au courant des « méthodes » qu’il a employées pour se propulser à cette fonction, ne furent guère surpris par la tournure des événements. En effet rien ne prédestinait « Si Mustapha » à une si importante charge. Son C.V. demeure le plus faible de toutes les personnes ayant succédées à la tête de la FRME, depuis sa création en novembre 1963, de Messieurs Abdelaziz Ayouch à Ahmed Jaafari. Joueur d’un niveau fort modeste, inconnu jusqu’à son élection de la majorité de l’élite échéphile nationale, simple fonctionnaire à la Jeunesse et Sport sans références solides, président d’une association d’échecs comme il en existe des dizaines à travers le Royaume, mais en homme intelligent et opportuniste, Il visait dès le départ, comme le prouvait l’enchaînement des événements, le poste de Président de la FRME, et travaillait avec ardeur et persévérance pour y parvenir ! Monsieur Jaafari, ex président de la FRME (1992-2000) cherchant un cadre administratif, arabisant de surcroît, pour se charger de la paperasse le choisit en tant que Secrétaire Général de la Fédération ; Monsieur Amzal sauta sur cette occasion dorée, et commença à photocopier les documents de la FRME, et rassembler « les preuves de la mauvaise gestion et de malversations de Jaafari », pour les utiliser le moment opportun, mordant, ainsi, la main qui lui a été naïvement tendue. Il exploita donc son différend avec son patron, suite à l’organisation de la réunion du Comité Exécutif de la FIDE en mars 2000 à Marrakech, pour couper les ponts avec lui. Il sillonnait, tout le Maroc, financé par je ne sais quelle personne, visitant les divers clubs affiliés à la Fédération, montrant « ses preuves » exploitant le mécontentement de certains, profitant de « l’usure de pouvoir » du à 8 ans de présidence, et obtenant l’appui, voire les signatures nécessaires pour ses futurs desseins. Le moment est venu, lorsque M.Jaafari se trouva isolé après le refus du rapport financier de la Fédération, et contraint ainsi de démissionner en fin 2000 ; M.Amzal propose « humblement » ses services et se porta candidat à la présidence, incarnant le rôle de Monsieur Propre, qui serait envoyé par le destin pour assainir notre Fédération Royale Marocaine des Echecs ! Dans le brouhaha général la plupart des représentants clubs présents à l’AG, n’ont pas pris suffisamment de recul pour se questionner sur les motifs de cette candidature pour le moins sujette à réflexion. Pour moi, et pour mon club aussi, cette longue campagne n’était pas fortuite, et ne fut guère entamée pour les beaux yeux de la princesse !
• Elu finalement par une majorité confortable, comme sur un nuage, président de la FRME, et pour une durée de quatre ans en prime, Monsieur Amzal commença à jouir pleinement de sa nouvelle et juteuse fonction ; Il s’entoura, d’abord, de gens dont la plupart sont sans expérience et sans stature afin d’ assurer sa prédominance sur le bureau fédéral ; le peu de cadres compétents qui travaillaient avec l’ancienne équipe fédérale, sont rapidement neutralisés, y compris son compagnon de route M. Khalid El Kouhen ; Les nouveaux statuts de la FRME, cheval de bataille électorale d’Amzal, sont remis aux calendes grecques. Qu’importe, l’homme parait, jeune, dynamique, modeste, disponible, voire omniprésent, promettant monts et merveilles, améliorant formellement la paperasse administrative, encourageant la création de nouveaux clubs...
• Passée cette période de grâce à laquelle tout nouveau dirigeant a droit, la suite des événements n’auguraient rien de bon pour la Fédération ; L’équipe fédérale mise en place fut incapable d’attirer de nouveaux sponsors pour financer les divers tournois nationaux et parrainer les jeunes talents ; La FRME restait à la merci de la subvention dérisoire du Ministère de tutelle, voyant même son budget diminuer de moitié en l’espace de deux ans seulement .Elle fut incapable de négocier un contrat de sponsoring avec Attijariwafabanque, géant financier émergé de la fusion de la Banque Commercial du Maroc et de Wafa Banque, ancienne institution pourvoyeur de fonds de la fédération, La raison de ce désistement est à chercher dans l’incompétence du président et sa nouvelle équipe, ses lacunes en matière de communication et sa méconnaissance du monde des affaires. D’autant plus que la FRME organisait mal les compétitions nationales dont elle a la charge, privilégiant la quantité et le nombre au détriment de la qualité et la pertinence, ne savait pas comment promouvoir son « produit échiquéen » notamment auprès des médias ; Des conditions d’accueil terribles, des salles de tournois souvent délabrées, des arbitres inexpérimentés, ne permettent point de préserver cette image de marque positive dont jouissent les échecs dans notre pays. Le populisme, la médiocrité voire la vulgarité sont devenus monnaie courante. Le comportement antisportif, jonché d’arrangements en dehors de l’échiquier sont souvent tolérés, voire pratiqués par certains membres fédéraux selon des témoignages convergentes dignes de confiance, comme ce fut le cas à El Jadida (2004), durant le trophée qui porte le nom de SM Mohamed VI.
• Menant à la dérive, sinon à la faillite, une fédération qui fut pourtant en assez bonne santé financière avant son arrivée, pratiquant la politique du bâton et de la carotte envers les joueurs marocains de compétition, marginalisant les arbitres nationaux qui osent faire preuve d’un minimum d’esprit d’indépendance, choisissant des chefs de délégation et d’accompagnateurs pour les équipes nationales participant à l’étranger, qui manquent souvent de compétences et d’expériences, avec les problèmes et les résultats que l’on sait ; organisant ou, plutôt, « désorganisant » des tournois nationaux dans de très mauvaises conditions, notamment ceux réservés aux jeunes, qui furent régulièrement logés dans des locaux insalubres, avec une alimentation médiocre ; peu respectueux des délais et de la ponctualité qui devraient être la règle d’or pour une fédération encadrant une activité aussi rationnelle que les échecs...et j’en passe. Bien de joueurs internationaux ne cessent de se plaindre publiquement de tant de promesses non tenues, d’autres souffrent toujours de l’acharnement et de l’arbitraire mais, d’aucuns préfèrent garder le silence, car il craignent de se trouver esseulés face aux terribles sautes d’humeur du président et ses représailles cautionnées, souvent, par des commissions expéditives, à l’instar des Ghazi, Sebbar et autres.
• Tout ce réquisitoire sévère basé, pourtant, sur des faits réels, des témoignages authentiques, et des décisions rendues publiques, est tout à fait discutable. L’on peut même rétorquer que c’est le produit d’un individu qui n’est pas au courant des difficultés quotidiennes d’une pauvre fédération, motivé par des considérations personnelles, ou poussé par un groupe de malhonnêtes aux intentions hégémonistes...L’on peut même évoquer la "théorie du complot" chère à certains esprits susceptibles.
• Tous ces arguments sont plausibles, et ils reviennent aux lecteurs et amateurs d’échecs marocains et aux présidents des clubs affiliés à la FRME, en fin de compte, d’en tirer leurs propres conclusions. Mais quand un président fait usage de faux, et utilise la falsification à grande échelle sans se soucier de la réputation de la fédération qu’il dirige, sans penser à l’image de son propre pays sur le plan arabe, africain et international, sans se rendre compte des torts irréparables qu’il va faire subir à toute la communauté échiquéenne nationale. Il doit afficher publiquement ses excuses, et présenter sa démission sans hésiter, à l’Assemblée Générale, l’instance même d’où il tire encore sa situation légale en tant que président en exercice de la Fédération Royale Marocaine des Echecs.
• Pour une fois j’espère que Monsieur Amzal sera à la hauteur de cette gravissime situation. Que Dieu le conduise sur le chemin de la vérité et la vertu.